Anne Montaut
Ses photographies d’une grande beauté et d’une force émotionnelle ont fait partie du patrimoine culturel de cette région et au-delà. Evénements culturels, débats et conférences seront toujours orphelins de sa présence active et militante. La photographie a occupé une place prioritaire dans sa vie. Dans la transition de la photographie argentique à la photographie numérique, elle est restée fermement liée à la première. Non par mémoire nostalgique ou vanité poétique, c’était une femme d’une grande intelligence et d’une grande lucidité pour se confondre dans cette vision mythique, mais parce qu’elle était photographe de laboratoire. Elle a consacré une grande partie de son temps à cette pièce éclairée de rouge pour attendre la Révélation de l’image, pour décider que le moment était le bon pour faire sauter cette feuille de papier sensible et sensuelle d’une bassine à l’autre. Un jeu d’équilibriste dont elle était passée maître. Elle pouvait rester dans le noir toute une journée pour n’en sortir qu’une seule bonne photo. Son absence nous rend encore incrédules et à chaque inauguration il semble impossible qu’Anne ne soit pas dans le public. Notre mémoire personnelle et notre admiration surpassent la qualité de l’artiste mais se souviennent de l’amie. Anne était une femme entière, opiniâtre, perfectionniste, parfois dure avec les autres autant qu’envers elle-même. Mais quand, comme dans la photographie, les gens se révélaient à elle comme des amis, sa présence, sa générosité, son soutien indéfectibles vous étaient acquis pour la vie et au-delà.